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Le vin, toujours revisité

L’architecture et le vignoble ont une histoire ancienne, particulièrement dans le bordelais. Les grandes demeures affichent le prestige des siècles, leurs chais sont élaborés avec soin, autant de déclinaisons particulières dans des paysages différents.

Depuis quelques années, des stars de l’architecture rivalisent de prouesses, parfois avec un peu de surenchère. Ce phénomène ne doit pas occulter la qualité de la production girondine, qui peut d’ailleurs s’associer aux grands noms  : Jean-Michel Wilmotte a collaboré deux fois avec l’atelier BPM (Boulain Pirrovani Mazières), une agence d’architectes bordelais comptant plusieurs réalisations viticoles à son actif. L’un de ses fondateurs, Arnaud Boulain, a piloté la rénovation des chais du Château Bouscaut, grand cru classé des Graves dans la fameuse appellation Pessac-Léognan.

Le domaine a évolué autour d’une chartreuse qui s’est étoffée du xviiie au xxe siècle, jusqu’à des équipements récents, tel un cuvier circulaire ajouté en 1990. Les propriétaires, la famille Lurton, très connus dans le vin à Bordeaux, souhaitaient redonner à l’ensemble davantage d’espace et de fonctionnalité.

Deux cuviers ont été réhabilités, agrandis, une vaste cour a été aménagée pour stocker, embouteiller… La continuité du style et des matériaux existants est privilégiée (tuiles, pierres, enduits), ainsi qu’une efficacité générale au service de la production. Élément phare du projet, un chai indépendant a été construit pour élever les rouges. Son isolation performante maintient la température adaptée à la maturation des vins. Sa structure en béton brut évoque autant un vocabulaire contemporain que les contenants modernes (les cuves en béton par exemple). Au plafond, des tasseaux créent une nappe boisée.

C’est surtout la forme épurée du bâtiment et son enveloppe qui le distinguent. Véritable maillage accrochant la lumière, cette seconde peau provient d’anciennes douelles de barriques. Les lames de chêne massif, imprégnées des tanins, ont été démontées, poncées, puis teintées et assemblées pour une nouvelle vie en façade. Arnaud Boulain y voit un clin d’œil à la hotte en osier des vendangeurs. Le vin  ? Une histoire de prestige ancrée dans la terre. Encore et toujours.